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la petite ville de Plombières- les – Dijon a eu la bonne idée de baptiser son nouveau centre social du nom de Germaine Tillion, qui fonda ce type de structures en Algérie. Pour inaugurer cette démarche elle a demandé à la Maison de Méditerranée de Dijon d'animer le week-end des 23 et 24 avril 2010 sur le thème de l'Aurés et de la culture chaouie, de ces mondes où Germaine Tillion commença sa carrière d'ethnologue dans les années 1930. Fidèle à sa démarche, la Maison de Méditerranée animera donc la soirée du vendredi 23 avril ( 20h, salle des Banquets, rue Pasteur) en présentant ce massif montagneux, et cette culture chaouia, en privilégiant les liens qui existent entre ces mondes et notre région bourguignonne. Ce haut lieu de l'Histoire algérienne est encore vif dans beaucoup de mémoires françaises. Grâce aux Dijonnais de culture chaouia, dont certains se rappellent du passage de Germaine Tillion dans leur vallée, et à ceux qui, dans diverses circonstances, "ont eu 20 ans dans les Aurès ", à leurs témoignages, à leurs photos de diverses époques, à l'artisanat témoin d'une culture appréciée, … les Aurès seront de nouveau présents dans le Grand Dijon, 50 ans après le bref jumelage qui réunit ces deux régions si loin de la Méditerranée.
Le samedi 24 après-midi, lors de la fête au centre Germaine Tillion de Plombières, la Maison de Méditerranée présentera de l'artisanat chaoui , une exposition sur les Aurès, sur les films qu'ils ont inspiré (depuis "Le vent des Aurès" de Lakhdar Hamina, jusqu’à " La maison jaune", 2008, du bisontin Amor Hakkar) et des robes d'inspiration chaouia de l'association Aurèsienne Kahina Tamazghirt
D'ici là, tous les témoignages seront bienvenus à Maisondelamediterranee@yahoo.fr
Ou Maison de Méditerranée c/o MJC Montchapet, 1 ter rue de Beaune, 21000 Dijon
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Pourquoi éclipse-t-on la civilisation berbère au profit des arabes ? L’histoire des peuples berbères, Kabyles, Libyens, Maures, Numides, Gétules, Massyles, Chleuhs, Touareg... a débuté bien avant l’annexion romaine. Le règne de Massinissa et de Massyle n’a rien à envier aux dynasties islamisées maures almoravide et almohade.
Du temps du christianisme, avant la colonisation arabo-musulmane, l’Afrique du Nord était prospère, voilà ce que Lucien Oulahbib nous apprend lorsqu’il évoque les papes Victor Ier, Gelasius Ier, Apulée, ou Fronton maître de Marc-Aurèle, Cyprien, Tertullien, Augustin et tant d’autres.
L’auteur nous éclaire sur le v
rai passé de l’Afrique du Nord ouvrant des perspectives historiques et culturelles
libérées du carcan de l’arabo-islamisme.
Docteur en sociologie, essayiste et romancier, Lucien Oulahbib est chargé de cours en sciences politiques à Paris X et à Lyon III.
Dans la presse
Présent, 6 décembre 2007
Docteur en sociologie arabe, romancier, Lucien Oulahbib est chargé de cours en sciences politiques à Paris X et à Lyon III. On lui doit notamment Les Berbères et le christianisme (Éditions berbères, 2004).
Son dernier ouvrage, Le monde arabe existe-t-il ?, pose une question essentielle (et qui se posera de plus en plus dans les années à venir, les Berbères étant voués à se libérer du joug arabo-islamique) : « Pourquoi éclipse-t-on la civilisation berbère au profit des Arabes ? »
Rappelons quelques vérités premières. Et d’abord que les Berbères furent chrétiens bien avant les Francs. À l’arrivée des envahisseurs arabes, ils prirent l’islam pour une hérésie chrétienne de plus, comme l’arianisme importé par les Vandales, le monophysisme ou le donatisme. Sur le sujet, on se reportera aux essais de Joseph Cuoq, L’Église d’Afrique du nord du IIe siècle au XIIe siècle (Le Centurion, 1984), et de François Decret, Le christianisme en Afrique du nord (Seuil, 1966).
Sainte Monique était berbère. Et son fils, saint Augustin. Et les papes Victor Ier et Gelasius Ier. Et Apulée, Fronton, maître de Marc-Aurèle, l’empereur Septime Sévère, Cyprien, Tertullien, etc. « Imaginons que dans les écoles de France, écrit Lucien Oulahbib, il soit proposé aux jeunes dont les parents sont originaires d’Afrique du Nord une initiation à leurs racines culturelles autres qu’uniquement coranique (comme ce fut le cas pourtant avec les dégâts que l’on sait en maints endroits) et que, parmi les matières enseignées, il y ait non seulement tel poète berbéro-maure », mais aussi les noms que nous évoquons plus haut :
— Force est (...) de constater que l’on aurait plutôt raison d’enseigner saint Augustin et le christianisme, non seulement comme partie intégrante de l’Histoire de l’Église, mais aussi comme moment fondateur de l’Europe. Ce qui implique que les Berbères ont, en fait, bien plus à voir avec l’Histoire de celle-ci que la Turquie qui l’affronta plus qu’elle ne la féconda.
Pour remettre l’Histoire à l’endroit, il importerait, bien sûr, que la berbérité se mette au clair avec sa propre histoire, au lieu de la refouler « et d’aider à son oubli ou son travestissement en la simplifiant à outrance, en particulier son passé juif, grec, chrétien dont les ferments encore chauds sont gros d’un avenir peut-être surprenant ».
Depuis des siècles, la voix de la Berbérie a été bâillonnée. Depuis l’indépendance de l’Algérie et le passage sous la coupe d’un FLN (à qui certains Kabyles firent malheureusement allégeance), les choses se sont aggravées. En même temps que, depuis certains « printemps berbères » réprimés dans le sang, la Kabylie renoue avec ses racines les plus profondes : plus de 5% des Kabyles (chiffre officiel, qu’il faut sans doute multiplier par deux) sont revenus aujourd’hui au christianisme. Le Berbère... lumière de l’Occident (NEL, 1991) écrivirent naguère André Huard et le regretté abbé Vincent Serralda. Lucien Oulahbib démontre, quant à lui, que l’heure est venue de sortir des ténèbres musulmanes.
Alain Sanders
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T’kout, cette localité enclavée du sud des Aurès, est sortie hier de l’anonymat. Les âmes qui l’habitent ont, en effet, brisé le silence une fois de plus pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur le mal de vivre, la misère et surtout la mort qui guette une génération entière de jeunes, réduits au métier exécrable de tailleur de pierres.
Exécrable car il a entraîné la mort d’une soixantaine de personnes (recenseés) dont deux en l’espace de 24 heures, soit mercredi et jeudi derniers. Hier, T’kout était une ville morte. Une grève générale, presque spontanée, a été observée par tous les commerçants de cette localité en signe de solidarité avec les familles des deux dernières victimes de la silicose, âgées de 24 et 30 ans. Solidarité, deuil mais aussi des revendications dont la prise en charge médicale, plus qu’impérative, par les pouvoirs publics, des jeunes de cette localité atteints par cette maladie ou exerçant encore dans la taille de la pierre qui en est la cause. La grève générale des commerces de T’kout a été également suivie par les élèves des CEM et lycée de la ville qui ont rejoint le rassemblement de protestation pacifique tenu devant le siège de la daïra et de l’APC. «Aucun incident n’a été enregistré», ont tenu à nous rassurer des citoyens de T’kout. L’amertume et la désolation étaient pourtant à leur comble depuis que cette pathologie est devenue la hantise de toute une région. Un médecin de T’kout, que nous avons contacté par téléphone, était justement en compagnie d’un jeune malade. Tailleur de pierres de son état, le patient est atteint de la silicose et est suivi par le docteur Rahmani qui n’a pas manqué de parler de décennie et de spirale macabres à propos de cette maladie. «A T’kout, cela fait des années que nous enregistrons un décès par mois à cause de cette pathologie. Une sorte de répit, qui n’a pas trop duré, a été observée au mois de janvier dernier puisqu’en février, nous sommes passés subitement à deux morts, de surcroît en l’espace de 24 heures. Plus dramatique, les victimes de la silicose à T’kout sont toutes âgées entre 18 et 30 ans. Il faut arrêter ce massacre.» C’est dire que le malheur qui frappe cette localité est très profond. Les jeunes de T’kout avaient pourtant tant espéré après les évènements tragiques qui ont secoué cette ville en 2004. Des jeunes et moins jeunes avaient été sauvagement tabassés pour avoir justement dénoncé la marginalisation, le dénuement, l’absence totale de perspectives d’insertion dans le monde du travail, la hogra. Un vécu de misère en somme. Six ans après, ils n’ont toujours que la taille des pierres pour se consoler et la silicose pour mourir… jeunes.
K. G.
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(...) C'est une conviction communément partagée qu'écrire en berbère
pour les Berbères relève d'un choix existentiel qui place l'auteur au premier front de la revendication identitaire.Écrire n'est pas pour les Berbères un acte gratuit, un loisir mondain, c'est une résistance.
Mais cette résistance est-elle rupture, violence ou le dernier chant d'un « signe » qui se meurt ? De plus, la cristallisation de la résistance sur l'écriture ne risque-t-elle pas d'aboutir à une idolâtrie du moyen,
à une sacralisation de l'écrit en berbère au détriment de tout autre critère de jugement ?
Une résistance littérale, scripturale implique nécessairement des valeurs, des idées, si ce n'est une idéologie, communes aux acteurs (auteurs) de cette résistance. Or, la posture de l'écrivain « résistant » n'est-elle
pas alors problématique ? Où placer les choix esthétiques de chaque auteur ?
Interroger les rapports entre « écrire et résister » c'est aussi une manière de lire d'un oeil particulier la littérature berbère dont nous postulons l'existence.
Revue Tifin
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